Cette fois c'est certain, ce mois sera définitivement rose pour moi, car d'une part c'est le mois de mon anniversaire mais d'autre part et surtout ce mois est dédié à la lutte contre le cancer du sein.
J'encourage vivement toutes les femmes à participer à ce dépistage qui peut sauver bien des vies.
Pour la 26ème année consécutive, la campagne de lutte contre le cancer du sein, organisée par l'association Le Cancer du Sein, Parlons-en ! Propose de lutter contre le cancer du sein en informant, en dialoguant et en mobilisant.
Cette année, le slogan TOUS UNIS PAR UNE MÊME COULEUR prend tout son sens pour faire reculer la maladie.
Je ne vais pas vous raconter ma vie, ça n'aurait aucun intérêt, par contre mon expérience peut peut-être aider les femmes qui affrontent cette maladie. Cette année 2019 a mis à nouveau ma vie entre parenthèse.
C'est la troisième fois que je dois faire face à l'inquiétude des examens, à l'angoisse des résultats et au choc du diagnostic et franchement, je ne suis pas loin de croire que c'est l'étape la plus dure.
Bien entendu viennent ensuite les traitements, les opérations, les soins, sans oublier la radiothérapie... tout cet arsenal médical mis en place pour que nous allions mieux.
Le corps est pris en charge par la médecine mais votre esprit et votre cœur battent au rythme de la maladie.
Comment expliquer ça à ceux qui ne sont pas passés par là ?
La première fois ce fut un tsunami qui m'a submergée, qui m'a fait perdre pied. Dans ces moments là, votre gorge se serre, vous ne comprenez pas ce qui vous arrive, vous basculez dans un monde étranger qui vous fait peur et une idée vient très vite, celle de la mort...vais-je mourir docteur ?...
Les jours qui suivent, vos nuits sont très courtes et seule face à votre réalité, vous voyez défiler votre vie, la nuit j'ai souvent cherché la main de celui qui m'accompagne et je ne compte pas les nuits blanches qu'il a passé à m'écouter.
Puis un matin vous vous réveillez en vous disant je vais me battre.
Chaque malade est unique et il y a autant de cancers qu'il y a de malades mais aujourd'hui j'ai la certitude que c'est un combat que l'on ne peut pas mener tout seul.
Dix années séparaient mes deux premières expériences, je pensais avoir "donné" ! Mais la vie en a décidé autrement et dix ans plus tard me voilà à nouveau prise dans cette tourmente.
Si je devais faire un bilan de ces épisodes de ma vie, je dirai que la première fois en 1999, j'étais anéantie, laminée, détruite moralement. J'ai, comme je vous l'ai expliqué, basculé dans un monde dont on ne revient pas vraiment. Vous êtes définitivement différent même lorsque vous êtes guéri. Se dire que rien ne sera plus jamais comme avant, ce n'est pas une pilule facile à avaler, par contre je n'en retiens aujourd'hui que les côtés positifs.
La deuxième fois en 2009, contrairement à toute attente, mon entourage a été stupéfait de l'énergie que j'ai trouvé en moi pour affronter cette nouvelle épreuve qui était, disons le sans détour, plus "à risque" que la première. J'ai eu peur de mourir, j'ai écrit à tous ceux qui comptaient dans ma vie, je devais leur dire mon amour avant de les quitter, mais je me suis accrochée à la vie, à eux mes amours, mes amis, qui éclairent ma vie. Mon salut, je le dois aux miens, à la force de leur amour mais aussi à l'amitié témoignée par mes amis, mes collègues, ceux qui faisaient partie de mon quotidien.
Malade on est encore plus sensible à la main qui se tend et qui vous dit... je suis là, bats toi.
Et voilà que 2019 me plonge à nouveau dans ce monde fait de blouses blanches, d'analyses, de séances de chimio et j'en passe. Un ami m'a dit "bienvenu au club des chambres implantables" ...un peu d'humour ça ne fait pas de mal.
J'ai certainement gagné en sérénité face à ce genre d'épreuve, même si la pilule est toujours aussi difficile à avaler, mais j'ai la chance immense d'avoir bénéficié d'un dépistage rapide qui fait que ma vie aujourd'hui n'est pas en danger.
Les traitements sont lourds, mais nous ne sommes pas tous égaux devant la maladie et perso je réagis assez bien, cependant, comme me le dit toujours mon amie..." la chimio, ce n'est pas de la grenadine !"
Convaincre les femmes du rôle primordial du dépistage précoce et faire progresser la recherche, telle est la vocation de cette campagne et de l'Association.
Aux malades, je dirai, regardez devant vous, le monde est beau et la vie vous attend. Cette épreuve est terrible et il ne faut pas cacher ses peurs ni ses angoisses, vous avez le droit d'avoir mal et de le dire. Vous avez le droit de pleurer, les larmes sont les messagères des peines et de la tristesse... Mais pas de honte à les laisser couler, elles racontent bien des choses, je ne me souviens plus du nom de l'auteur de cette phrase mais je la trouve tellement vraie.
Aux familles, aux amis, je dirai, ne lâchez pas la main de celui qui a mal et comme me l'a dit si justement quelqu'un qui m'est très cher...excusez le langage !
"Ce qui ne vous a pas tué, vous a rendu plus fort ...mais putain qu'est-ce que ça fait mal !"
Aux lecteurs et lectrices de ce billet, je dirai, ça n'arrive pas qu'aux autres alors soyez vigilants et...
Pris assez tôt le cancer peut être vaincu...!